Ile-de-France Terres en sursis

«Quand j’ai repris la ferme, même ma mère m’a dit : ‘ ‘ Tu ne finiras jamais ta vie à Gonesse’’. Finalement, j’ai pu aller jusqu’au bout, mais mon fils… » Dominique Plet a 72 ans. Avec son épouse Michèle, il a décidé de céder à son fils Robin la ferme familiale. Cent vingt-sept hectares de blé, de maïs et de colza qui poussent sur « les meilleures terres agricoles de France ! » soutient le chef de famille. Seulement ces terres sont situées dans le Triangle de Gonesse, dernier grand espace agricole proche de Paris, également considéré comme une réserve foncière pour les projets urbains les plus divers. Les 700 ha non urbanisés du Triangle sont déjà coincés entre les aéroports de Roissy et du Bourget, usines et habitats.

Surf, spa, ski

Pourtant le schéma directeur d’aménagement de la Région prévoit encore que 300 ha de terres agricoles vont partir à l’urbanisation. Et parmi les projets annoncés, celui pharaonique d’EuropaCity, qui s’inscrit dans le cadre du Grand Paris : un parc aquatique, avec surf et spa, des pistes de ski en intérieur, un parc d’attractions, un cirque, des hôtels, des commerces… Ce projet, mené par le groupe Auchan, s’étendra sur 80 ha. Il touche une dizaine de céréaliers. « Cette fois je perds 12 ha, explique Dominique Plet. Sauf que je viens déjà d’en perdre une quinzaine… Parce que le projet prévoit aussi une gare, des routes. Je ne sais pas comment ça va se terminer et si je pourrai encore transmettre la ferme à mon fils. » La procédure d’expropriation est en cours : « On nous a proposés 5 € du m² pour les propriétaires et un 1 € du m² pour les locataires. Mais je ne veux pas d’argent. Je veux des terrains. »

« Tous les agriculteurs attendent des compensations à la hauteur, poursuit Patrick Dézobry, de la chambre d’agriculture d’Île-de-France. Ce n’est pas le cas pour le moment. » Un débat public est organisé jusqu’au 30 juin. EuropaCity devrait ouvrir en 2024.

https ://europacity.debatpublic.fr